IdT – Les idées du théâtre


 

Préface

Tite et Bérénice

Corneille, Pierre

Éditeur scientifique : Louvat-Molozay, Bénédicte

Description

Auteur du paratexteCorneille, Pierre

Auteur de la pièceCorneille, Pierre

Titre de la pièceTite et Bérénice

Titre du paratexte

Genre du textePréface

Genre de la pièceComédie héroïque

Date1660

LangueFrançais

ÉditionParis, Louis Billaine, 1671 ; in-12

Éditeur scientifiqueLouvat-Molozay, Bénédicte

Nombre de pages2

Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k704057/f2.image

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/CorneilleTiteBérénicePreface.xml

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Mise à jour2016-06-14

Mots-clés

Mots-clés français

SourcesDion Cassius

Mots-clés italiens

FontiDione Cassio

Mots-clés espagnols

FuentesDion Casio

Présentation

Présentation en français

À la fin de la préface (1644) de La Mort de Pompée, Corneille citait plusieurs passages de Lucain et de Velleius Paterculus, sources de sa tragédie, et s’excusait de ne les donner qu’en latin par peur que « [sa] traduction n’ôte trop de leur grâce et de leur force » ; il ajoutait : « les dames se les feront expliquer1 ». Vingt-cinq ans plus tard, le dramaturge ne se soucie plus des dames et livre à ses lecteurs les sources de son œuvre sans traduction ni commentaire.

La signification de ce geste est à chercher dans le contexte de composition et de représentation de cette « comédie héroïque », créée au Palais Royal par la troupe de Molière le 28 novembre 1670 et retirée de l’affiche après 21 représentations et une baisse constante de la recette, tandis que la Bérénice de Racine triomphait à l’Hôtel de Bourgogne depuis le 21 novembre. Or si les deux dramaturges avaient traité le même sujet, ils ne s’étaient pas appuyés sur les mêmes historiens : alors que Racine privilégie Suétone et dramatise la première rupture entre Titus et Bérénice, Corneille suit l’historien grec Dion Cassius, abrégé par Xiphilin, et rend compte de la seconde séparation, qui suit le retour de Bérénice à Rome. Suivant Dion Cassius, et fidèle au principe qui a fait de lui le maître de la tragédie historique – en dépit des allégations perfides que Racine vient de formuler à l’encontre d’Héraclius dans la première préface de Britannicus2 –, Corneille mêle à cette séparation les enjeux politico-amoureux liés aux personnages de Domitien, frère de Titus, et de Domitia son épouse.

La citation brute des extraits de Dion Cassius relatifs à ces quatre personnages vaut dès lors tous les commentaires : si Corneille ne s’explique pas davantage, ce n’est pas seulement par provocation ou amertume, mais aussi parce que les sources parlent d’elles-mêmes et qu’elles répondent de fait à ceux qui, hier ou aujourd’hui, verraient dans sa pièce une version romanesque du sujet historique traité par Racine3.

Texte

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{NP 1} XIPHILINUS EX DIONE

IN VESPASIANO.

GUILLELMO BLANCO Interprete4.

Vespasianus a Senatu absens Imperator creatur, Titusque et Domitianus Cesares designantur.

Domitianus animum ad amorem Domitiae filiae Corbulonis applicaverat, eamque a Lucio Lamio Aemiliano, viro ejus abductam secum habebat in numero amicarum, eamdemque postea uxorem duxit.

Per id tempus Berenice maxime florebat, ob eamque causam cum Agrippa fratre Romam venit. Is Pretoriis honoribus auctus est, ipsa habitavit in Palatio, coepitque cum Tito coire ; Spes erat eam Tito nuptum iri, jam enim omnia, ut si esset uxor, gerebat. Sed Titus cum intelligeret populum Romanum id moleste fer-{NP 2}re, eam repudiavit, praesertim quod de iis rebus magni rumores perferrentur5.

IN TITO.

Titus, ex quo tempore principatum solus obtinuit, nec caedes fecit, nec amoribus inservivit, sed comis quamvis insidiis peteretur, et continens, Berenice licet in urbem reversa, fuit.

Titus moriens se unius tantum rei poenitere dixit, id autem quid esset non apervit, nec quisquam certo novit, aliud aliis conjicientibus. Constans fama fuit, ut nonnulli tradunt, quod Domitiam uxorem fratris habuisset : alii putant quibus ego assentior, quod Domitianum, a quo certo sciebat sibi insidias parari, non interfecisset, sed id ab eo pati maluisset, et quod traderet Imperium Romanum tali viro6.