IdT – Les idées du théâtre


 

Préface

Corine, ou le Silence

Hardy, Alexandre

Éditeur scientifique : Garnier, Sylvain

Description

Auteur du paratexteHardy, Alexandre

Auteur de la pièceHardy, Alexandre

Titre de la pièceCorine, ou le Silence

Titre du paratextePréface

Genre du textePréface

Genre de la piècePastorale

Date1626

LangueFrançais

ÉditionThéâtre, III, Paris, Jacques Quesnel, 1626, in-8°. (Numérisation en cours)

Éditeur scientifiqueGarnier, Sylvain

Nombre de pages3

Adresse source

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Hardy-Corine-Preface.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Hardy-Corine-Preface.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Hardy-Corine-Preface.odt

Mise à jour2015-06-18

Mots-clés

Mots-clés français

GenrePastorale ; poème bocager

SourcesGalanterie italienne

SujetInventé

RéceptionCritiques de cour ; lecteur judicieux

ExpressionAlexandrins / décasyllabes ; douceur malherbienne

AutreLe Tasse ; Guarini ; composition en quinze jours

Mots-clés italiens

GenerePastorale ; poesia boschereccia

FontiGalanterie italiane

ArgomentoInventato

RicezioneCritiche di corte ; lettore giudizioso

EspressioneDodecasillabi / decasillabi ; dolcezza di Malherbe

AltriTasso ; Guarini ; componimento in quindici giorni

Mots-clés espagnols

GéneroPastoral ; poema bucólico

FuentesGalantería italiana

TemaInventado

RecepciónCensores de la corte ; lector discreto

ExpresiónDodecasílabos / decasílabos ; suavidad del estilo de Malherbe

OtrasTasso ; Guarini ; composición en quince dias

Présentation

Présentation en français

Ce texte constitue une pièce intéressante dans la querelle de l’élocution dramatique ayant opposé Hardy aux poètes modernes lors de la publication de son théâtre entre 1624 et 1628. En effet, si son argumentation de fond ne fait que reprendre, de façon moins développée, celle de l’Avis au lecteur présent dans le même tome III du Théâtre, cette préface marque le basculement du conflit poétique vers une polémique plus personnelle, dans la mesure où elle répond directement à la « Lettre à Malherbe » publiée par Racan en tête de ses Bergeries l’année précédente. Mais surtout, en se plaçant sur le terrain de la pastorale, Hardy confirme que son rejet de la douceur malherbienne s’étend à l’ensemble du théâtre et qu’il n’est pas uniquement dû à l’inadaptation de cette esthétique à la rudesse supposée du style tragique. Ainsi, du projet annoncé de parler du poème bocager, le dramaturge ne retiendra que quelques considérations lexicologiques, l’origine italienne du genre et la justification de l’usage du décasyllabe plutôt que de l’alexandrin conformément au modèle transalpin ; et c’est en prétextant de parler de sa propre pièce, Corine, que l’auteur va s’en prendre implicitement aux Bergeries de Racan dont il critique l’invention et surtout l’élocution, tout en se moquant de la difficulté avouée par son rival à écrire une œuvre de longue étendue. Hardy s’en remet enfin au lecteur pour trancher entre lui et ses adversaires.

Texte

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Préface1

{NP1} Afin que la nouveauté ne séduise ceux qui ne sont pas autrement bien versés aux secrets des Muses ; je leur dirai mon sentiment pour ce qui regarde le poème bocager, appelé vulgairement, pastorale, et non pastourelle2, qui serait, (n’en déplaise à ces critiques de cour) pécher en grammaire, d’autant que pastorale signifie ce qui appartient aux pasteurs : et pastourelle, la femelle de ce bon vieux mot français, pastoureau. L’invention donc de ce poème est due à la galantise3 italienne, qui nous en donna le premier modèle ; ses principaux, et plus célèbres auteurs sont Tasse, Guarini, et autres sublimes esprits, qui ont choisi les vers de dix à onze4, conformes aux scazontes5 des Latins, pour mieux exprimer telles inno{NP2}centes amours, et accommoder le langage à la chose. Ce sont les docteurs du pays latin6, sous lesquels j’ai pris mes licences7, et que j’estime plus que tous les rimeurs8 d’aujourd’hui ; croire au surplus quelque grand miracle d’écrire une pastorale en vers alexandrins, nullement, attendu que leur longueur développe mieux les conceptions d’un poète, et a plus de facilité. Quand à celle-ci que j’expose la dernière en public, elle ne mérite non plus d’être tenue au-dessous qu’au-dessus de la perfection9 ; et oserai dire en sa faveur, plutôt comme arbitre équitable, que comme père idolâtre, qu’au moins elle n’a mendié son invention de personne10, qu’on ne la remarquera point pour prose rimée ou rime prosée11, que quinze jours de passe-temps me l’ont mise sur pieds12, il y a plus de douze ans, sans que la moindre douleur ait précédé son enfantement, sans croire qu’une si courte navigation puisse faire voguer mon esquif, que bord à bord13. Il ne s’y trouvera non plus de {NP3} rimes licencieuses, que de ces douceurs répétées qui tournent en amertume14 ; non que je n’admire le bel esprit de ceux qui s’en donnent le privilège, mais chacun vaut son prix ; et la louange que nous nous usurpons au préjudice des autres, passe comme monnaie décriée en public. Cela ne m’adviendra jamais, qui prie seulement le lecteur judicieux, et sans passion, de peser mes raisons en la balance de l’équité, pour adjuger la couronne des Muses, à qui elle appartiendra.