Préface
La Muse Champêtre du Sieur de La Charnaye, Gentilhomme Nivernois. Contenant la Tragédie de Madonte, extraite de l’Astrée : avec un mélange d’Énigmes, Épigrammes, Sonnets, Stances, et autres sortes de vers
La Charnaye
Éditeur scientifique : Déléris, Alban
Description
Auteur du paratexteLa Charnaye
Auteur de la pièceLa Charnaye
Titre de la pièceLa Muse Champêtre du Sieur de La Charnaye, Gentilhomme Nivernois. Contenant la Tragédie de Madonte, extraite de l’Astrée : avec un mélange d’Énigmes, Épigrammes, Sonnets, Stances, et autres sortes de vers
Titre du paratexteAvertissement au Lecteur
Genre du textePréface
Genre de la pièceTragédie
Date1623
LangueFrançais
ÉditionParis : Jacques Villery, 1623, in-4°. (Numérisation en cours)
Éditeur scientifiqueDéléris, Alban
Nombre de pages4
Adresse source
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/LaCharnaye-MuseChampetre-dedicace.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/LaCharnaye-MuseChampetre-dedicace.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/LaCharnaye-MuseChampetre-dedicace.odt
Mise à jour2013-10-23
Mots-clés
Mots-clés français
SujetTitre renvoyant au sujet et à la genèse de l’œuvre
ExpressionRègles
AutreAnciens et Modernes ; critique des Modernes et des poètes de la Cour ; Paris / province
Mots-clés italiens
ArgomentoTitolo che rimanda al soggetto e alla genesi dell’opera
EspressioneRegole
AltriAntichi e Moderni ; critica dei Moderni e dei poeti della corte ; Parigi / provincia
Mots-clés espagnols
TemaTítulo que remite al tema y a la génesis de la obra
ExpresiónReglas
OtrasAntiguos y modernos ; crítica de los Modernos y de los poetas de la Corte ; París / provincia
Présentation
Présentation en français
Texte
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Avertissement au Lecteur
{NP1} Ami Lecteur. J’aurais mauvaise grâce si je m’excusais des défauts que tu pourrais remarquer en cet ouvrage. Je sais qu’il n’y a point d’Édit qui me contraigne à le publier, et d’ailleurs je témoignerais d’abord que je ne serais rien moins qu’un Poète étant privé de la principale qualité qu’on y remarque en ce temps, qui est la présomption et la bonne opinion de soi-même.
Je t’aborde seulement en passant pour te dire deux mots : l’un que le titre de Muse Champêtre que je donne à mon Livre, tient plutôt de l’endroit où il a été composé que du sujet qui s’y traite3 ; étant raisonnable qu’il porte sur le front4 {NP2}le lieu de sa naissance puisqu’il lui en est redevable. Et certes qui considérera la situation de ma maison, d’où l’œil découvre toutes les beautés qu’on saurait désirer en un paysage, et la solitude qui l’éloigne du bruit et du tumulte des villes comme autrefois les Temples des Muses, avouera qu’il est bien difficile à un Gentilhomme de l’habiter sans y devenir Poète5, le pays étant aussi propre à composer des vers, que la Béotie6 à rendre des Oracles.
L’autre point que je te veux faire savoir est, que je n’ignore pas que ces ouvrages ne sont pas travaillés selon les lois de la Poésie moderne qui règne à la Cour7. Je sais que ceux qui se sont créés8 par leurs propres suffrages juges souverains en cette cause condamnent tout à fait ce genre d’écrire : mais leur censure est de légère autorité envers moi qui suis hors du ressort de leur puissance9, comme étant tout autre plutôt que Poète courtisan, de qui les Muses esclaves ont beaucoup plus d’affetterie et de fard que de naïve10 beauté. Je marche dans les vestiges des Anciens11, et tâche d’imiter ces grands Personnages que la science et sublimité d’esprit a relevés au{NP3}tant au-dessus de ces nouveaux censeurs.
Leurs divins vers qui sont autant de trompettes éclatantes incessamment à mes oreilles m’empêchent de les prêter aux nouvelles lois poétiques que l’on veut mettre en crédit aujourd’hui. N’attends donc point ici des vers à la mode pauvres de sens et riches de rime12, qui peuvent imposer quelquefois à l’oreille par leur douce cadence, mais non jamais au jugement d’un homme entendu, et te persuades que les Muses se plaisent bien autant en nos Antres bocagers, qu’au voisinage du Louvre ou à la promenade du Pont-Neuf13. Que si ton esprit n’est prévenu d’une opinion erronée, j’espère que tu prendras plaisir à l’entretien de cette fille champêtre ; et davantage encore quand elle te paraîtra quelque jour pour une seconde fois plus ample et mieux en ordre enrichie de plusieurs pièces que mon loisir n’a pu {NP4}permettre d’étendre sous la presse14, tu m’obligeras à te la montrer de cette façon si tu la vois de bon œil en l’équipage15 que je te la présente.
Adieu.