IdT – Les idées du théâtre


 

Prologue

La Constance

Larivey, Pierre de

Éditeur scientifique : De Capitani, Patrizia

Description

Auteur du paratexteLarivey, Pierre de

Auteur de la pièceLarivey, Pierre de

Titre de la pièceLa Constance

Titre du paratextePrologue

Genre du textePrologue

Genre de la pièceComédie sérieuse

Date1611

LangueFrançais

ÉditionTroyes, Pierre Chevillot, 1611, in-12°. (Numérisation en cours)

Éditeur scientifiqueDe Capitani, Patrizia

Nombre de pages4

Adresse source

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Larivey-Constance-Prologue.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Larivey-Constance-Prologue.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Larivey-Constance-Prologue.odt

Mise à jour2013-07-25

Mots-clés

Mots-clés français

SourcesComédies latines ; comédies italiennes

SujetVraisemblable / invraisemblable

Personnage(s)Héros et héroïnes d’une vertu exceptionnelle

FinalitéInstruire et « donner plaisir »

AutreRespect / affranchissement des Anciens ; imiter les Anciens et les modernes

Mots-clés italiens

FontiCommedie latine ; commedie italiane

DrammaturgiaVerosimiglianza / inverosimiglianza

Personaggio(i)Eroi ed eroine di eccezionale virtù

FinalitàIstruire e dilettare

AltriRispetto / affrancamento degli Antichi ; imitare gli Antichi e i Moderni

Mots-clés espagnols

FuentesComedias latinas ; comedias italianas

TemaVerosímil / inversosímil

Personaje(s)Héroes y heroínas de excepcional virtud

FinalidadAprovechar y deleitar

OtrasRespeto / libertad de los Antiguos ; imitar a los Antiguos y a los modernos

Présentation

Présentation en français

La Constance est la plus moralisante des pièces qui, avec le Fidèle et les Tromperies, composent le recueil de trois comédies adaptées de l’italien que Larivey fit paraître en 1611 (Troyes, Pierre Chevillot). Après avoir brièvement précisé que l’action de sa pièce est simple et organisée autour du motif de la constance qui donne son titre à l’œuvre, Larivey évoque dans le prologue les principales critiques qu’essuient régulièrement les auteurs de comédies. Les admirateurs de l’Antiquité n’apprécient que les pièces imitées de Plaute et de Térence et blâment toutes les œuvres qui s’éloignent par trop de ces excellents modèles. D’autres, au contraire, préfèrent des œuvres moins ancrées dans le passé et plus en prise avec la réalité de leur époque. D’autres enfin, tout en imitant sans originalité les illustres modèles antiques, en ignorent les règles fondamentales qui sont à la base de toute œuvre d’art digne de ce nom. Puisqu’il est ardu de faire un ouvrage qui plaise à tout le monde, l’auteur de la Constance a décidé de suivre l’exemple des anciens comiques latins autant que des modernes dramaturges italiens. La constance exceptionnelle et la fidélité dont font preuve les personnages principaux de la pièce sont des qualités rares dans la vie réelle, mais qui existent quand même, ce qui permet à l’auteur de repousser tout reproche d’invraisemblance qu’on pourrait éventuellement lui adresser. Comme d’habitude, Larivey se garde bien de dire que sa pièce est une adaptation de la Gostanza (Florence, Giunti, 1565) du Florentin Girolamo Razzi (1527-1611)1. Celui-ci cultiva le théâtre pendant sa jeunesse et le délaissa plus tard lorsqu’il entra dans les ordres réguliers sous le nom de frère Sylvain. Le prologue de la Constance est de Larivey, mais on y trouve l’écho de certaines idées qui figurent dans celui de la pièce italienne.

Texte

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Prologue

{NP1} Quand il prit envie à l’auteur de cette comédie2, qu’il désire présentement vous faire voir, il semblait quasi que ce fut à regret, pour ce qu’il lui était avis qu’elle n’était bien parée ni agencée comme il désirait, afin de vous donner, Messieurs et Dames, quelque agréable contentement : encore qu’elle soit toute simple ne dressant ses actions qu’à la constance, du nom de laquelle il l’a voulu nommer3. Je sais bien que plusieurs ne prennent goût qu’à l’Antiquité dont ils font si grande estime qu’il la logeraient volontiers au Ciel, blâmant tous ceux qui ne les ressemblent4 et ne sont de leur opinion. Autres5 veulent que com{NP2}me les âges sont variables et diffèrent l’un de l’autre, et d’autant qu’aujourd’hui l’on n’use des mêmes choses dont l’on usait il y a vingt ans, qu’ainsi les modernes comédies ne doivent être pareilles à celles qui étaient il y a mille six cents ans passés et plus, notre vivre6 n’étant pareil au leur. Ceux-là disent qu’en Grèce ou à Rome on usait d’un autre langage, d’autre façon de vivre, d’autres coutumes, d’autres lois, et ce qui importe le plus, d’une religion toute contraire à la nôtre chrétienne et catholique ; et autres finalement ne s’en éloignent du tout, encore qu’ils se soient oubliés7 aux règles, préceptes et usage qu’ont tenus les anciens recommandables8 comiques, qui seront toujours prisés et estimés d’un chacun ; mais quoi qu’il en soit, il faut surtout que {NP3} les comédies soient faites pour instruire et encore pour donner plaisir. Parquoi9, pour revenir à notre propos, il est malaisé que les hommes puissent faire chose qui agrée à un chacun, l’un ayant les oreilles sourdes, l’autre les yeux éblouis, et celui-ci l’esprit égaré en ses fantastiques contemplations10. C’est pourquoi notre auteur, qui en ceci a voulu imiter les Latins, les Italiens et autres comiques tant anciens que modernes, portera patiemment le blâme qui lui pourrait être imputé par aucuns11 qui par aventure en ce récit penseront être blâmés, à quoi il n’a jamais pensé. Je dirai bien que si quelqu’un a opinion n’être vraisemblable ce qui est raconté de la bonté et fidélité des femmes et des hommes introduits ès actes de la scène, peut-être parce que peu souvent se {NP4} trouvent des femmes si chastes et fidèles, et des hommes si rares en bonté, ce néanmoins (recours aux histoires12) s’en trouvent plusieurs de l’un et l’autre sexe, qui ont été, et en y a encore à présent qui sont semblables aux nôtres en amour, foi, et exemple de chasteté. Quoi qu’il en soit l’auteur vous prie accepter sa bonne volonté, requérant un chacun prendre sa place et se disposer à entendre patiemment et sans bruit ce que veut commencer à dire Blaise13 qui sort avec le Pédant : les voici, ouvrez les oreilles et vous orrez14 conter merveilles.