Préface
L’Ambigu comique ou les Amours de Didon et d’Énée, tragédie en 3 actes, mêlée de 3 intermèdes comiques
Montfleury, Antoine Jacob
Éditeur scientifique : Demont, François
Description
Auteur du paratexteMontfleury, Antoine Jacob
Auteur de la pièceMontfleury, Antoine Jacob
Titre de la pièceL’Ambigu comique ou les Amours de Didon et d’Énée, tragédie en 3 actes, mêlée de 3 intermèdes comiques
Titre du paratexteAu lecteur
Genre du textePréface
Genre de la pièceTragédie en trois actes avec trois intermèdes comiques
Date1673
LangueFrançais
ÉditionParis : P. Promé, 1673, in-12°
Éditeur scientifiqueDemont, François
Nombre de pages4
Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k859814/f1
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Montfleury-AmbiguComique-Preface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Montfleury-AmbiguComique-Preface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Montfleury-AmbiguComique-Preface.odt
Mise à jour2014-01-17
Mots-clés
Mots-clés français
GenreTragédie avec intermèdes comiques
SourcesPoèmes dramatiques espagnols ; Énéide de Virgile
SujetSujet antique, connu de tous
DramaturgieNouveauté ; intermèdes ; trois actes ; imitation / modèles ; insertion de musique et de danse
ActionAction mêlée (tragédie / comédie)
ScenographieDanse ; musique ; intermèdes
ReprésentationRéussite ; lien texte / représentation
RéceptionSuccès
FinalitéPlaisir
AutreInfluence espagnole
Mots-clés italiens
GenereTragedia con intermezzi comici
FontiPoesie drammatiche spagnole ; Eneide di Virgilio
ArgomentoArgomento antico conosciuto da tutti
DrammaturgiaNovità ; intermezzi ; tre atti ; imitazione / modelli ; inserti di musica e danza
AzioneAzione mista (tragedia / commedia)
ScenografiaDanza ; musica ; intermezzi
RappresentazioneRiuscita ; legame tra testo e rappresentazione
RicezioneSuccesso
FinalitàDiletto
AltriInfluenza spagnola
Mots-clés espagnols
GéneroTragedia con entremeses cómicos
FuentesPoemas dramáticos españoles ; Eneida de Virgilio
TemaTema antiguo, conocido de todos
DramaturgiaNovedad ; entremeses ; tres actos ; imitación / modelos ; introducción música danza
AcciónAcción mezclada (tragedia / comedia)
EscenografiaDanza ; música ; entremeses
RepresentaciónÉxito ; relación texto / representación
RecepciónÉxito
FinalidadPlacer
OtrasInfluencia española
Présentation
Présentation en français
Texte
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Au lecteur
[NP1] Cette tragédie a été représentée dans le même ordre que vous l’allez trouver imprimée. Elle est en trois actes, et mêlée de trois intermèdes comiques, dont chacun renferme un sujet séparé et fini. Ce mélange n’est pas sans exemple, quoiqu’il ne soit pas ordinaire sur notre théâtre ; et comme c’est un usage établi de tout temps chez les Espagnols1, je veux bien avouer que leurs poèmes dramatiques m’ont servi de modèles ; que le plaisir que m’ont donné la [NP2] lecture que j’en ai faite et les représentations que j’en ai vues, m’a persuadé qu’un pareil mélange pourrait avoir autant d’agrément sur notre scène, que de beauté sur leur théâtre ; et que l’ayant regardé comme un moyen d’aspirer au bonheur de plaire à ceux qui n’aiment que le sérieux, sans renoncer à celui de divertir ceux qui n’aiment que le comique, je me suis hasardé à travailler sur cette idée à l’imitation2 des poètes de cette nation. Toutes leurs pièces sont en trois actes séparés par des intermèdes comiques, mêlés de musique et de danse, en quoi ils semblent s’être en quelque façon assujettis aux préceptes d’Horace, Chorus medios intercinat Actus3, et n’avoir pas peu de rapport avec les chœurs mêlés de voix, d’instruments et de flûtes, dont les Latins séparaient leurs actes, à l’exemple de Sophocle4, quoique selon l’avis d’Aristote5, les chœurs ne dussent rien chanter qui n’eût quelque rapport et [NP3] même quelque liaison avec le sujet de la pièce. La crainte que j’avais que les intermèdes de celle-ci, qui n’en ont aucun avec ce qui les précède, n’interrompissent l’attention de l’auditeur pour le sérieux, me fit croire que je ne pourrais l’empêcher qu’en faisant choix d’un sujet fort connu. C’est ce qui me fit jeter les yeux sur le quatrième Livre de l’Énéide6, où Virgile renferme les amours et la mort de Didon : outre que cette matière est extrêmement connue, l’Antiquité ne nous a point laissé d’idée d’une passion ni plus forte ni plus touchante ; et je me sentais si charmé des beautés de cet excellent ouvrage, que je le regardais comme un original d’après lequel il était presque impossible de faire une méchante copie7. Comme ce sujet avait été mis au théâtre par Étienne Jodelle8, le premier qui ait fait des tragédies en notre langue, et depuis même par des auteurs dont la réputation a égalé le mérite9, je n’aurais pas entrepris [NP4] de le traiter, si je n’eusse appris d’Horace que les œuvres d’Homère et de Virgile sont des trésors dont il est permis à tout le monde de s’enrichir, et que les sujets connus qui sont à tous ceux qui s’en veulent servir, deviennent propres et particuliers à celui qui les traite.
Je ne sais si cette nouveauté aura quelque agrément sur le papier ; mais je me tiendrai assez heureux si le lecteur peut avoir pour elle même indulgence que l’auditeur, et si la lecture qu’il en fera ne détruit point l’estime que près de trente représentations consécutives lui ont acquise.