Préface
Pirame et Thisbé. Tragédie
Pradon, Nicolas
Éditeur scientifique : Rescia, Laura
Description
Auteur du paratextePradon, Nicolas
Auteur de la piècePradon, Nicolas
Titre de la piècePirame et Thisbé. Tragédie
Titre du paratextePréface
Genre du textePréface
Genre de la pièceTragédie
Date1674
LangueFrançais
ÉditionParis, Loyson, 1674, in-12°. (Numérisation en cours)
Éditeur scientifiqueRescia, Laura
Nombre de pages4
Adresse source
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Pradon-Pirame-Preface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Pradon-Pirame-Preface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Pradon-Pirame-Preface.odt
Mise à jour2012-12-04
Mots-clés
Mots-clés français
SourcesThéophile de Viau ; inventer / imiter
DramaturgieLiberté par rapport aux règles ; récit pathétique
ActionAction principale / épisode, convergence des lignes dramatiques ; unité ; suspension d’intérêt
Personnage(s)Inventé ; ethos
RéceptionSuccès auprès du public ; critique sur l’expression du pathos
FinalitéPlaire ; larmes
Mots-clés italiens
FontiThéophile de Viau ; inventare / imitare
DrammaturgiaLibertà nei confronti delle regole ; racconto patetico
AzioneAzione principale / episodio, convergenza delle linee drammatiche ; unità ; suspensione dell’interesse
Personaggio(i)Inventato ; ethos
RicezioneSuccesso presso il pubblico ; critica sull’espressione del pathos
FinalitàPiacere ; lacrime
Mots-clés espagnols
FuentesThéophile de Viau ; inventar / imitar
DramaturgiaLibertad con las reglas ; relato patético
AcciónAcción principal / episodio ; convergencia de las líneas dramáticas ; unidad ; suspensión del interés
Personaje(s)Inventado ; ethos
RecepciónÉxito con el público ; crítica hacia la expresión del pathos
FinalidadDeleitar ; lágrimas
Présentation
Présentation en français
Texte
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PRÉFACE
{NP1} Après que le public est venu en foule à cette pièce, et l’a honorée assez longtemps de son assiduité1, je ne devrais point répondre aux scrupules2 de quelques particuliers ; c’est plutôt un remerciement qu’une justification que je lui3 dois aujourd’hui. Cependant, sans me prévaloir d’une réussite qui a bien passé mes espérances, je dirai d’abord ingénument que je ne prétends pas que ce coup d’essai pour le théâtre soit un chef-d’œuvre : il y a sans doute bien des choses qui pourraient être mieux tournées. Mais, quoi qu’il en soit, elle a eu le bonheur de plaire, et c’est la première règle du théâtre, {NP2} et celle à qui l’on doit plutôt s’attacher qu’à toutes les règles de la Poétique d’Aristote4. Je ne me repens donc point d’avoir traité un sujet où Théophile avait réussi5. On voit bien que je ne lui ai rien emprunté que les noms de Pirame et Thisbé, que le galant Ovide6 nous a donnés à tous deux. J’y ai fait un épisode d’Amestris et de Belus qui, quoique fondés dans l’histoire, sont des caractères de mon invention7, aussi bien que celui d’Arsace8. Quelques-uns ont voulu dire que cet épisode l’emportait sur le sujet principal, mais si l’on veut prendre la peine d’examiner leurs intérêts, on verra qu’ils sont si bien mêlés avec ceux de Pirame et Thisbé que toutes les démarches de ces trois personnes ne tendent qu’à rompre l’intelligence9 qui est entre ces deux amants, pour l’intérêt particulier de leur amour, et qu’enfin Pirame {NP3} et Thisbé sont le terme et le point fondamental où aboutissent toutes les lignes de ma pièce, comme à leur centre10. Si Belus conserve ses droits contre la violence d’Amestris, et si Amestris par sa politique et par son adresse le veut détourner du gouvernement de l’État, Pirame est l’objet qu’elle regarde, et Thisbé celui de Belus, et c’est par leurs différends qu’ils causent les cruels embarras de ces amants malheureux, qui attachent et qui intéressent toujours le spectateur jusqu’à la fin de la catastrophe11. La critique, même la plus sévère, y a trouvé assez de conduite pour le théâtre12, et les âmes tendres y peuvent voir des sentiments de leur caractère. On a encore trouvé à redire qu’Arsace fît le récit lui même de la mort de son fils et de celle de Thisbé. Quelques-uns ont dit que ce récit était trop pathétique dans la bouche d’un père, et que les gran{NP4}des douleurs étaient muettes.
Je pourrais répondre que j’en ai des exemples et chez les anciens et chez les modernes; mais enfin quand même ce serait une faute de jugement dans mon ouvrage, je puis dire que je l’ai faite avec jugement et réflexion13, et ce récit a tiré tant de larmes et a fait un si grand effet, que s’il échappe à ma plume une seconde pièce de théâtre, je souhaite de tout mon cœur qu’elle soit remplie de fautes de cette nature.