IdT – Les idées du théâtre


 

Préface

Pirame et Thisbé. Tragédie

Pradon, Nicolas

Éditeur scientifique : Rescia, Laura

Description

Auteur du paratextePradon, Nicolas

Auteur de la piècePradon, Nicolas

Titre de la piècePirame et Thisbé. Tragédie

Titre du paratextePréface

Genre du textePréface

Genre de la pièceTragédie

Date1674

LangueFrançais

ÉditionParis, Loyson, 1674, in-12°. (Numérisation en cours)

Éditeur scientifiqueRescia, Laura

Nombre de pages4

Adresse source

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Pradon-Pirame-Preface.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Pradon-Pirame-Preface.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Pradon-Pirame-Preface.odt

Mise à jour2012-12-04

Mots-clés

Mots-clés français

SourcesThéophile de Viau ; inventer / imiter

DramaturgieLiberté par rapport aux règles ; récit pathétique

ActionAction principale / épisode, convergence des lignes dramatiques ; unité ; suspension d’intérêt

Personnage(s)Inventé ; ethos

RéceptionSuccès auprès du public ; critique sur l’expression du pathos

FinalitéPlaire ; larmes

Mots-clés italiens

FontiThéophile de Viau ; inventare / imitare

DrammaturgiaLibertà nei confronti delle regole ; racconto patetico

AzioneAzione principale / episodio, convergenza delle linee drammatiche ; unità ; suspensione dell’interesse

Personaggio(i)Inventato ; ethos

RicezioneSuccesso presso il pubblico ; critica sull’espressione del pathos

FinalitàPiacere ; lacrime

Mots-clés espagnols

FuentesThéophile de Viau ; inventar / imitar

DramaturgiaLibertad con las reglas ; relato patético

AcciónAcción principal / episodio ; convergencia de las líneas dramáticas ; unidad ; suspensión del interés

Personaje(s)Inventado ; ethos

RecepciónÉxito con el público ; crítica hacia la expresión del pathos

FinalidadDeleitar ; lágrimas

Présentation

Présentation en français

Malgré le succès de la pièce, évoqué au début de la préface, l’auteur élabore une captatio benevolentiae, faisant appel à son manque d’expérience. Sa tragédie a su plaire, ce qui est la première règle du théâtre, et ce qui justifie la reprise d’un sujet tiré d’Ovide et déjà porté sur scène par Théophile. Certains personnages sont de sa propre invention, et leur action, bien qu’introduisant un sujet politique, sert à ajouter des obstacles aux amours des deux jeunes : l’intrigue demeure donc unitaire. L’expression du pathos de ces personnages sur scène, et du paroxysme de la douleur en particulier, a été critiquée : si on en trouve des exemples chez les Anciens comme chez les Modernes, c’est surtout en fonction de l’effet qu’ils ont obtenu sur le public (larmes) que l’auteur se déclare prêt à employer de nouveau les mêmes ressorts du pathétique dans une éventuelle deuxième pièce qu’il pourrait composer.

Texte

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PRÉFACE

{NP1} Après que le public est venu en foule à cette pièce, et l’a honorée assez longtemps de son assiduité1, je ne devrais point répondre aux scrupules2 de quelques particuliers ; c’est plutôt un remerciement qu’une justification que je lui3 dois aujourd’hui. Cependant, sans me prévaloir d’une réussite qui a bien passé mes espérances, je dirai d’abord ingénument que je ne prétends pas que ce coup d’essai pour le théâtre soit un chef-d’œuvre : il y a sans doute bien des choses qui pourraient être mieux tournées. Mais, quoi qu’il en soit, elle a eu le bonheur de plaire, et c’est la première règle du théâtre, {NP2} et celle à qui l’on doit plutôt s’attacher qu’à toutes les règles de la Poétique d’Aristote4. Je ne me repens donc point d’avoir traité un sujet où Théophile avait réussi5. On voit bien que je ne lui ai rien emprunté que les noms de Pirame et Thisbé, que le galant Ovide6 nous a donnés à tous deux. J’y ai fait un épisode d’Amestris et de Belus qui, quoique fondés dans l’histoire, sont des caractères de mon invention7, aussi bien que celui d’Arsace8. Quelques-uns ont voulu dire que cet épisode l’emportait sur le sujet principal, mais si l’on veut prendre la peine d’examiner leurs intérêts, on verra qu’ils sont si bien mêlés avec ceux de Pirame et Thisbé que toutes les démarches de ces trois personnes ne tendent qu’à rompre l’intelligence9 qui est entre ces deux amants, pour l’intérêt particulier de leur amour, et qu’enfin Pirame {NP3} et Thisbé sont le terme et le point fondamental où aboutissent toutes les lignes de ma pièce, comme à leur centre10. Si Belus conserve ses droits contre la violence d’Amestris, et si Amestris par sa politique et par son adresse le veut détourner du gouvernement de l’État, Pirame est l’objet qu’elle regarde, et Thisbé celui de Belus, et c’est par leurs différends qu’ils causent les cruels embarras de ces amants malheureux, qui attachent et qui intéressent toujours le spectateur jusqu’à la fin de la catastrophe11. La critique, même la plus sévère, y a trouvé assez de conduite pour le théâtre12, et les âmes tendres y peuvent voir des sentiments de leur caractère. On a encore trouvé à redire qu’Arsace fît le récit lui même de la mort de son fils et de celle de Thisbé. Quelques-uns ont dit que ce récit était trop pathétique dans la bouche d’un père, et que les gran{NP4}des douleurs étaient muettes.

Je pourrais répondre que j’en ai des exemples et chez les anciens et chez les modernes; mais enfin quand même ce serait une faute de jugement dans mon ouvrage, je puis dire que je l’ai faite avec jugement et réflexion13, et ce récit a tiré tant de larmes et a fait un si grand effet, que s’il échappe à ma plume une seconde pièce de théâtre, je souhaite de tout mon cœur qu’elle soit remplie de fautes de cette nature.