Dédicace
Tragédie d’Euripide nommée Hecuba, traduite de grec en rime française, dédiée au Roi
Bochetel, Guillaume
Éditeur scientifique : Lardon, Sabine
Description
Auteur du paratexteBochetel, Guillaume
Auteur de la pièceBochetel, Guillaume
Titre de la pièceTragédie d’Euripide nommée Hecuba, traduite de grec en rime française, dédiée au Roi
Titre du paratexteAu Roi mon souverain seigneur
Genre du texteDédicace
Genre de la pièceTragédie
Date1544
LangueFrançais
ÉditionParis, Robert Étienne, 1550, in-8°
Éditeur scientifiqueLardon, Sabine
Nombre de pages3
Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k122863w.r
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Bochetel-Hecuba-Dedicace.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Bochetel-Hecuba-Dedicace.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Bochetel-Hecuba-Dedicace.odt
Mise à jour2013-06-26
Mots-clés
Mots-clés français
GenreTragédie
SourcesEuripide, Hecuba
SujetMisère des grands ; arguments fabuleux ; illusion de la fiction
Personnage(s)Nobles personnages ; princes
FinalitéMorale ; plaisir ; instruire les grands ; connaissance des vices et des vertus
ExpressionStyle élevé ; sublime ; graves sentences ; traduction en français
AutrePoètes
Mots-clés italiens
GenereTragedia
FontiEuripide, Ecuba
ArgomentoMiseria dei Grandi ; argomenti favolosi ; illusione della finzione
Personaggio(i)Noblili personaggi ; principi
FinalitàMorale ; diletto ; istruire i Grandi ; conoscenza dei vizi e delle virtù
EspressioneStile alto ; sublime ; sentenze gravi ; traduzione in francese
AltriPoeti
Mots-clés espagnols
GéneroTragedia
FuentesEurípides, Hécuba
TemaMiseria de los grandes ; argumentos fabulosos ; ilusión de la ficción
Personaje(s)Personajes nobles ; príncipes
FinalidadMoral ; placer ; instruir a los grandes ; conocimiento de los vicios y de las virtudes
ExpresiónEstilo elevado ; sublime ; sentencias graves ; traducción al francés
OtrasPoetas
Présentation
Présentation en français
Texte
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Au Roi mon souverain Seigneur
{3 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k122863w/f3} Gorgias Léontin, homme de grand nom entre les anciens qui ont été célébrés par leurs lettres et savoir, disait que la tragédie est une tromperie et déception, par laquelle celui qui trompe est plus juste que celui qui ne trompe pas ; et celui qui est trompé, plus sage que celui qui n’est point trompé8. Chose qui semble contre raison, et toutefois est véritable. Car la tragédie nous trompe et déçoit en ce que bien souvent elle traite arguments fabuleux si sagement controuvés9 que nous cuidons10 qu’ils soient véritables. Or celui qui trompe un autre, et par cette tromperie lui montre et enseigne ce qu’il11 lui est profitable ou nuisible, bon ou mauvais, honnête ou déshonnête, est sans doute plus juste que celui qui n’a pouvoir ou vouloir de ce faire. Car il n’y a point d’acte plus vertueux ne12 tant convenable à l’homme que de bien mérir13 et profiter à la communauté des autres. D’autre part celui à qui par la fiction de la tragédie demeure la connaissance de vice et de vertu, et de bien et de mal, est beaucoup plus sage et avisé en tous ses affaires14 que celui qui, pour n’avoir été si heureusement trompé, n’a cette connaissance. Et comme l’on voit, la coutume des poètes, premiers auteurs et inventeurs de la philosophie, a toujours été de couvrir et cacher sous le voile des fables la vérité des choses qu’ils voulaient enseigner, ou bien mêler le plaisir qu’on a de leur ingénieuse fiction avec bons et profitables documents. Et pour ce, dit Horace que le poète apprend aux hommes à honnêtement parler, instruit l’en{4 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k122863w/f4}tendement de bons enseignements, reprend les vices et loue la vertu15. Et outre plus, nous donne connaissance de l’avenir par exemples du passé et en adversité et affliction console notre esprit troublé. Mais entre tous, il semble que les tragiques, ainsi qu’ils surpassent tous autres écrits en hauteur de style, grandeur d’arguments et gravité de sentences, aussi ont-ils plus amené de profit aux hommes, d’autant qu’ils ont pris16 à instruire et enseigner les plus grands et ceux-là que fortune a plus hautement élevés, comme princes et rois, dont ils ont amené grand profit à la postérité, laissant mêmement par écrit monuments de si grande utilité, comme l’instruction d’un bon prince, laquelle se peut tirer des tragédies, car à ces fins ont-elles été premièrement inventées pour remontrer17 aux rois et grands seigneurs l’incertitude et lubrique18 instabilité des choses temporelles, afin qu’ils n’aient confiance qu’en la seule vertu. Ce qu’ils peuvent voir et entendre par les grands inconvénients, misères et calamités qui autrefois sont advenues19 à ceux qui ont été en fortune semblable, car ce sont les propres arguments des tragédies, comme montra Euripide, lequel étant en Macédoine le roi Archelaüs pria d’écrire une tragédie de lui, et le poète lui refusa, priant aux dieux que jamais chose ne lui advînt qui pût être bon argument d’écrire une tragédie, pour ce que ce ne sont que pleurs, captivités, ruines et désolations de grands princes, et quelquefois des plus vertueux. Ce qui sert aux successeurs, afin qu’en prospérité ils ne s’élèvent par trop et provoquent malheur en abusant de leur fortune20, et aussi en adversité n’aient le cœur abaissé ni failli, à l’exemple de plusieurs vertueux princes qui {5 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k122863w/f5} jamais, pour quelque envie que fortune ait porté21 à leur gloire et pour quelque affliction qu’ils aient soutenue, n’ont aucunement22 fléchi, laissant preuve à la postérité que la vertu peut bien être affligée, mais non vaincue, comme, Sire, on le peut véritablement et sans flatterie dire de vous. Or est-il, Sire, que quelques jours passés me retrouvant en ma petite maison, mes enfants, tant pour me faire apparoir23 du labeur de leur étude, que pour me donner plaisir et récréation, m’apportaient chacun jour la lecture qui leur était faite par leur précepteur de la tragédie d’Euripide, dénommée Hecuba, me la rendant de mot à mot de Grec en Latin. Laquelle pour la sublimité du style et gravité des sentences que j’y trouvai, il me prit envie, Sire, de la mettre en notre langue française, seulement pour occuper ce peu de temps de repos à quelque honnête exercice. Et depuis vous voyant, Sire, travaillé de maladie, pour vous donner quelque récréation, je pris la hardiesse de vous lire le commencement que j’en avais tourné, que bénignement24 vous ouîtes et me commandâtes l’achever. Ce que j’ai fait, non tant pour l’assurance que j’ai eue de le savoir bien faire, connaissant ma faible puissance, que pour le désir de vous obéir. Car trop plus25 m’a aidé l’efficace26 de votre commandement, que ne m’a empêché la connaissance de mon infirmité au parachèvement de la traduction de cette tragédie. Laquelle, Sire, très humblement je vous présente, en espérance que de votre accoutumée bonté et bénignité prendrez en gré le service de celui qui n’a en cet œuvre27 prétendu autre louange ni loyer, fors28 seulement de vous donner contentement et plaisir.