Préface
Uranie
Bridard
Éditeur scientifique : Fournial, Céline
Description
Auteur du paratexteBridard
Auteur de la pièceBridard
Titre de la pièceUranie
Titre du paratexteAu lecteur
Genre du textePréface
Genre de la pièceTragi-comédie pastorale
Date1631
LangueFrançais
ÉditionParis, Jean Martin, 1631, in-8°. (Numérisation en cours)
Éditeur scientifiqueFournial, Céline
Nombre de pages2
Adresse source
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Bridard-Uranie-Preface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Bridard-Uranie-Preface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Bridard-Uranie-Preface.odt
Mise à jour2013-01-20
Mots-clés
Mots-clés français
RéceptionPublic mondain / critiques pédants : lecteur
ExpressionStyle orné / style clair ; latin / français
Mots-clés italiens
RicezionePubblico cortegiano / critici pedanti ; lettore
EspressioneStile ornato / stile chiaro ; latino / francese
Mots-clés espagnols
RecepciónPúblico cortesano / críticos pedantes ; lector
ExpresiónEstilo adornado / estilo claro ; latín / francés
Présentation
Présentation en français
Texte
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AU LECTEUR.
{NP1} Lecteur, je te donne ici l’Uranie en son vrai lustre1, que l’ignorance de quelques-uns lui avait ravi par un défaut2 de mémoire. Je sais bien que quelques critiques, qui ne font profession que de reprendre3 ce qu’ils ne peuvent imiter4, se ravissent dans le contentement qu’ils s’imaginent recevoir, lisant mes vers pour y mordre, et que ces âmes basses ne s’impatientent pas moins en l’attente de ce livre que les tigres en celle de la proie qu’ils espèrent pour dévorer. Mais n’importe que ces serpents, qui n’ont des yeux que pour tuer5, s’efforcent d’amoindrir l’estime que la renommée me donne6 : je crains aussi peu leur plume que leur langue et n’appréhende point le blâme de ceux qui sont incapables de louer un honnête homme7. Si ceux-là par hasard font état8 de mes œuvres, crois qu’au lieu de ressentiments9 de joie, j’en aurai de douleur, s’il est vrai que leur approbation passe pour reproche chez les beaux esprits10. Qu’ils soufflent donc leur venin dans mes écrits, qu’ils déchirent leur auteur, qu’ils blâment ma façon d’écrire, {NP2} qu’ils tonnent contre moi, mon livre n’en sera pas moins prisé et ma réputation plus choquée11 pour cela. Les fleurs qui plaisent le plus à nos sens ne perdent rien de leur éclat, encore que des monstres les aient regardées, et le soleil n’est pas moins beau, bien que souvent des ravages s’opposent à sa lumière. Certes pourvu qu’une personne d’esprit m’ait en quelque opinion, je méprise les censures et les louanges de ces critiques à la douzaine12. Si mon style n’est relevé13, il est intelligible ; si mes vers ont peu d’orgueil, ils ont assez de politesse14 pour m’exempter du nom de pédant, que mes envieux possèdent légitimement15. J’ai hanté16 d’autres lieux que des collèges, où j’ai appris à ne point faire du latin et du français une même langue17. S’ils18 ne leur19 peuvent plaire, je sais avec plusieurs (dont le mérite égale la noblesse du sang) qu’ils ont eu bonne grâce20 en la bouche d’une merveille de la Cour, d’où les moindres discours passent pour oracles chez les plus polis. Je ne te dis pas ces choses, Lecteur, pour forcer tes inclinations à bien croire de moi21 ; si j’ai besoin de correction (ce que je ne sais que trop), reprends-moi doucement22 et non avec passion. Toutefois fais ce qu’il te plaira, adieu.